mardi, février 01, 2011 Il y a une tentation récurrente avec le rock, c'est les panthéons, l'exhaustivité, les listes, les classements. C'est pour ça que des émissions comme Top Bab me font chier. Même si c'est ludique, ça établit des hiérarchies, alors que selon moi, il n'y a pas de hiérarchie. Evidemment, il y a des choses qui restent et d'autres pas, mais, et je tiens à enfoncer ce clou-là, le rock n'existe pas en valeur absolue et générale : c'est inculqué et incrusté dans la vie de chacun. Une chanson, c'est une période de ta vie, une période où tu as fait une découverte, où tu as connu une nana, où tu as cassé avec une nana, etc. Et c'est indissoluble de ça, c'est un bout de barbaque, entièrement subjectif, mais il n'y a pas d'absolu. C'est pour ça que j'ai toujours détesté ces listes des meilleurs disques de ceci ou de cela.
Y'aurait un pavé à écrire là-dessus. Je suis le premier à être d'accord avec ça mais j'aime les tops quand même, pour ce qu'ils montrent de ceux qui les font et justement pour comprendre comment c'est incrusté dans leur vie. Du pur voyeurisme. Le problème de hiérarchiser les oeuvres, c'est autre chose et plus complexe. Ca renvoie à la notion de critique et là, je me lance pas... Par extension, j'ai un avis très tranché sur la compétition dans le domaine de l'art (je ne parle pas d'émulation).
# posted by Anonyme : mercredi 2 février 2011 à 16:05:00 UTC+1
Je me rends compte que Garnier doit avoir en tête des tops généraux et impersonnels publiés par des grands médias (type pitchfork) qui se veulent exhaustifs, donc je le suis complètement et je suis à côté de la plaque. J'ai directement pensé aux tops personnels (ceux qui m'intéressent, donc), qui sont un phénomène clairement amplifié depuis Internet, sur les blogs et forums. C'est encore mieux quand c'est un artiste qui donne son avis (ça me fait d'ailleurs penser au phénomène de rapprochement entre l'artiste et le public via fb ou autres, mais c'est une autre question) Je m'arrête là!
# posted by Anonyme : mercredi 2 février 2011 à 18:00:00 UTC+1
le mélomane est un consommateur or seuls les produits de l'industrie peuvent être appréhendés par lui, croire le contraire c'est croire aux ondines, , seuls les produits industriels ont droit à la médiatisation nationale et internationale. Si l'on en croit husserl les mélomanes qui lisent la presse rock (par exemple) auront les mêmes rétentions primaires, ils feront donc des choix similaires. Croire qu'un top reflète une partie de la personnalité du mélomane c'est tomber dans le piège de l'industrie, bernays avait fait passer ainsi l'idée que nos habits reflétaient notre personnalité, or c'est complètement faux, c'est un simple abus psychologisant, tout comme les habits, le top ne parle que de la manière de consommer du mélomane, en aucun cas de sa personnalité ni de sa vie. Les tops, dans les réseaux médiatiques de l'industrie, n'ont jamais été que des déclencheurs de mode, des "pulsionneurs" d'achat. Jusque dans les années 90 les maisons de disques achetaient elles-mêmes les disques pour faire les chiffres. Faire des tops "persos" est un réflexe grégaire et consumériste, un moyen de montrer combien on est assimilé au système (au groupe consommateur) et une manière de démontrer dans le même temps l'envie de faire partie de l'élite consommatrice de ce système, vaine façon d'essayer de se démarquer de notre groupe consommateur qui étouffe en fait nos choix dans un goulot d'étranglement. Finalement ces tops persos se ressemblent tous et rassemblent assez vite les mêmes groupes et les mêmes morceaux suivant la manière de consommer que l'on a, les niches auxquelles on adhère. C'est fatal. Quand le top est érigé en émission c'est une oeuvre industrielle de manipulation, le temps de cerveau disponible l'est, ici, pour l'industrie musicale et non pour l'agro-alimentaire, geffen au lieu de coca. Le seul moyen de faire un top personnel serait de classer des artistes sans signature, un problème surviendrait alors : l'absence totale de reconnaissance du groupe consommateur ainsi disloqué, le consommateur ne peut plus flatter son ego auprès de ses semblables, ni sur un plan grégaire ni sur le plan de la "hype" (c'est aussi l'industrie qui décide de ce qui est hype). le consommateur se retrouverait alors seul face à ses gouts ou pire : face à son agueusie totale.
# posted by Satan de gaza : jeudi 3 février 2011 à 01:18:00 UTC+1