samedi, juillet 31, 2010
Il arrive souvent que des oiseaux se cognent à pleine vitesse contre la fenêtre de mon bureau. En général, il repartent. Une fois, l'un d'entre eux a fait une pause dans le bac à fleurs en dessous, sans doute un peu sonné, puis est reparti quand j'ai ouvert la fenêtre. Tout à l'heure, pourtant, celui qui m'a fait sursauté en se mangeant la vitre n'a pas eu de chance. Ma brune qui avait entendu le bruit est arrivé en me demandant si c'était un oiseau (je lui avait raconté, mais elle n'avait encore jamais vu ça). Puis elle est allé voir dehors. Un chat reniflait l'oiseau par terre. J'ai ouvert la fenêtre et le félin s'est tiré. Mais l'oiseau, mal en point, n'arrivait pas à repartir. "Il a une patte cassée", m'a dit ma brune. Elle s'est approchée, pour l'aider, sans trop savoir que faire et l'animal s'est agité comme un fou, cherchant à battre des ailes et à décoller, mais sans succès. Une demi-seconde plus tard, il s'est arrêté de bouger, sur le dos, et ses pattes se sont affaissées, son corps est devenu mou. Il est mort sous nos yeux. C'était un oiseau de taille moyenne, pas un pigeon, mais pas un minuscule moineau non plus. Et le voir mourir comme ça, après avoir lutté pour échapper à son sort (et avoir réchappé au chat), c'était choquant. La façon dont son corps s'est ramolli en deux secondes, comme si on l'entendait pousser son dernier souffle, ça nous a fait mal au coeur. Faut que je fasse quelque chose pour empêcher les oiseaux de prendre le reflet de ma fenêtre pour le ciel...
15:00
Il montre quelques planches d'un projet d'adaptation des Liaisons dangereuses qu'on a eu avant que la collection de classiques s'arrête chez Delcourt. C'est beau, non?
20:53
Une des grandes différences entre la presse française et la presse américaine? L'absence d'articles de fond, bien écrits sur des sujets divers allant de la pèche aux gros à Cuba aux portraits de chanteurs en passant par les enfants sauvages (à quelques exceptions près: la revue XXI s'est lancé là-dedans et il y en a peut-être d'autres qui suivent), des textes que l'on trouve dans toutes sortes de publications et dont quelques types se sont amusés à dressé une liste des meilleurs ici. Outre les Hunter Thompson et le Frank Sinatra has a cold que j'ai pompé dans une nouvelle, on trouve dans la liste des textes de David Foster Wallace. Certains ont été publiés dans des recueils, mais je n'avais pas lu celui-ci qui explique magnifiquement en quoi Federer est un bien meilleur joueur que Nadal. Et des beaux textes sur le sport, c'est assez rare pour être signalé.
23:59
La veille d'Inception, je m'étais tapé ce gros truc gras et lourd plein de symbolisme à deux balles et d'effets spéciaux à base de rides: L'Etrange vie de Benjamin Button. La purge.
En revanche, le lendemain, hier donc, j'ai regardé Sherlock, le premier épisode de la nouvelle mini-série de Moffat et Gatiss et dire que c'est formidable est presqu'un euphémisme. C'est Holmes transposé de nos jours avec ce que le contexte peut lui apporter de plus. Le détective se sert de la technologie et des portables notamment, mais reste le même personnage, à part du reste de l'humanité et profondément génial. Je ne suis pas un passionné du héros de Doyle, mais lorsqu'il est utilisé comme ça, comment ne pas reconnaître qu'il s'agit d'un des meilleurs personnages créé au 19ème Siècle. Le potentiel est immense et entre les mains d'un grand scénariste comme Moffat (plus en forme que sur Doctor Who), ça dépote sévère. Ca me donne une de ces envies de voir Tintin, moi....
Vu Inception (le remake de Matrix, naaan, je déconne). Bon moment de cinoche, mais je reste partagé. Scènes d'actions nazes (surtout dans la neige à la fin) et seule la théorie du "tout n'est qu'un rêve" fait tenir le film debout. Ca reste tout de même à cent lieues au-dessus du film Hollywoodien de base. C'est plein d'idées (qu'on diraient droit sorties d'un bouquin de Christopher Priest, au passage) et de "trucs" graphiques qui en font du vrai cinéma. Malgré mes réserves d'enfant gâté, une bonne expérience...
Le meilleur Webcomics du monde serait-il écrit par un gamin de cinq ans (et dessiné par son grand frère) ? On dirait que oui. Une interview des deux créateurs ici. Le projet de recueil du scénariste vaut à lui seul son pesant de cacahuètes.
J'ai enfin pu assister à un concert du Festival Jazz and Wine. Après le fiasco de l'an dernier dû à un orage, le mauvais temps nous a encore joué des siennes, puisque par crainte de la pluie, le gig a eu lieu à l'intérieur de la collégiale de St Emilion et pas dans le parc du château Clos Fourtet. Bon, voilà, malgré le son assez limite à cause de la nef, le concert a bien déchiré. Liebman a fait du Liebman et Billy Hart, c'est pas du tatapoum de Dr Avalanche. Ca groove... Seul Jean-Jacques Quesada, l'organisateur du festival, qui s'incruste à tous les concerts avec son sax, n'avait clairement pas le niveau. Pendant un de ses solos, je me suis même dit "putain, il joue comme un blanc". S'il n'y avait pas eu un américain et un allemand aussi white que moi qui déchiraient tout à côté, j'y aurais presque cru. D'ailleurs, Liebman ne s'y est pas trompé. Durant les présentations des musiciens, il a vanté les talents de tous ses acolytes, mais pas de Quesada, le définissant simplement comme un ami très cher. En suivant, James et moi avons visité les caves du château et bu un petit verre de vin, moins bon que ce à quoi on s'attendait. Somme toute, un meilleur concept que bière et foot, ce jazz and wine.
Depuis, j'ai aidé un pote à déménager, j'ai peint mon futur bureau, j'ai acheté du parquet et je suis bloqué chez moi (impossible d'aller en ville boire l'apéro avec les copains) à cause de ce putain de Tour de France qui passe à deux pas. Sans parler du retard pris sur le boulot, en passe de devenir aussi légendaire qu'un maillot jaune au pipi pas trouble...
16:17
Jonathan Ross n'est pas qu'un animateur de talk show et le mari de la pulpeuse scénariste Jane Goldman. ll est aussi fan de bédé, comme l'a prouvé son docu sur Ditko. Aujourd'hui, il interviewe Steranko à l'occasion de la republication de Red Tide (un chef d'oeuvre qu'il faudra bien republier aussi en français). Le maître est assez peu modeste et très bizarre, comme il se doit. Je l'aime encore plus. J'en profite pour signaler une nouvelle fois l'article que j'avais écris sur lui.
15:56
La première scène de Toy Story 3 est démente. La construction d'un univers global à partir des pièces d'un puzzle qu'on a sous la main m'a rappelé le jeu que représente le Wold Newton Universe, par exemple, ou la collection Bibliothèque Rouge. Pas mal d'auteurs (dont certains ne le soupçonnent même pas) jouent comme Andy avec ses jouets lorsqu'ils écrivent leurs livres. Ils ne font certes pas que ça, mais une partie non négligeable du plaisir qu'ils prennent à écrire leur bouquin se rapproche sans doute de celui, enfantin, de la construction d'un univers cohérent à partir de morceaux qui ne sont pas censés à priori fonctionner ensemble. C'est sans doute pas une idée nouvelle, mais ça m'a frappé dès la sortie du cinéma, lorsque je me suis demandé pourquoi cette scène m'avait autant marqué.
Je suis beaucoup moins oisif que je ne le voudrais et je serais sans doute meilleur écrivain si je m'adonnais davantage à la contemplation. Je crains fort que notre société ne manifeste une admiration exagérée aux battants, aux zélés. Puisse Dieu me préserver des uns et des autres! Il m'arrive de rester bouche bée quand je songe à cette idée très répandue selon laquelle le seul critère de la réussite est de battre les autres, tous les autres. Je crois que les jeunes d'aujourd'hui rejettent cette attitude; le monde ne pourra qu'en devenir meilleur.
Clifford D. Simak, 1975 (traduction de Pierre-Paul Durastanti).
12:59
Décidément, sur la carte de la musique pop, Minneapolis n'est pas un ville à négliger. Comment est-il possible que je n'ai pas connu les Replacements plus tôt?
Je savais qu'un jour ça devait arriver. A force de faire des vide-greniers et de tomber sur des intégrales Michel Sardou, Serge Lama ou Dire Straits, je finirais par tomber sur des disques intéressants, quelqu'un qui solderait les vinyles de sa jeunesse de punk ou de batcave: un commercial cravaté honteux de ses cheveux crêpés sans doute qui se délesterait de ses vieux disques de Cure ou de Joy Division. Dimanche, ce jour est arrivé. J'avais bien remarqué un tas de vinyles intéressants (le single Hot Hot Hot sur le dessus de la pile), mais le temps que je rattrape Iris qui partait à la poursuite d'un Winnie l'Ourson, un type avait entrepris de fouiller la pile. Et je vis donc défiler une grande partie de la discographie de Cure, dont pas mal de disques que je n'avais pas (et même Disintégration, que je venais d'acheter, deux fois plus cher, à un vrai vendeur de disque qui écume ce genre de rassemblements). La goutte de sueur qui se mit à couler sur mon front tomba sur Iris qui me tirait le pantalon pour que je la prenne dans mes bras. Je m'exécutais en lui expliquant qu'on attendait que le monsieur ait fini pour prendre sa place (alors que je pensais :"j'espère que cet enculé va tout reposer sans rien prendre"). Le chineur se retourna, me lança un regard étrange, entre l'agacement et l'impatience, puis posa le tas de 33 tours. Cinq minutes plus tard, je demandais au père de la goth repentie: "J'en prends cinq, vous me faites une ristourne?"
Ce qui est étonnant à Lourdes, en tout cas ce qui m'a marqué le peu de temps où j'y suis resté, c'est que tout le monde est souriant, à l'aise, amical. Du serveur du restaurant, aux organisateurs de la rencontre, jusqu'au public venu nous écouter parler, tous semblent content d'être là. C'est plutôt agréable et contraste agréablement avec le bus quotidien de neuf heure du matin. Finalement, en plus de tout ce qui avait été prévu, Greg et moi avons parlé de bien d'autres choses: Basil Wolverton, la singularité, le grey goo, IGH, Mad Max etc... Bref, c'était bien. Il y avait même un groupe de chants de montagnards pour faire couleur locale à la fin de l'intervention.
Sinon, hier j'ai fait du béton. Je suis pas peu fier, mais j'ai mal aux bras.
12:05
All we can do with words and images is appropriate them, distort them, turn them against themselves. All we can do is borrow them and waste them: spend what we haven't earned, and what we don't even possess. That's my definition of postmodern culture, but it's also Citibank's definition of a healthy economy, Jacques Lacan's definition of love, and J. G. Ballard's definition of life in the postindustrial ruins.
Vu Splice, le dernier Vincenzo Natali. Très très prenant, très intense, très dérangeant et partant dans beaucoup de directions thématiques sans jamais céder sous le poids de ses enjeux. Le traitement est fin, intelligent. De la vrai SF à la fois prospective, cérébrale et traitant véritablement de science (ou en tout cas de ses implications). Ca faisait longtemps que je n'avais pas vécu une expérience aussi intense au cinoche, peut-être depuis Les Fils de l'homme.
Donc, samedi je suis à Lourdes. Pas dans la grotte, mais à la Cyberbase (me demandez pas, je sais pas où ça se trouve). En vrac, je vais parler d'utopie, de dystopie, d'uchronie, de Niourk, d'American Flagg, de Retour vers le Futur, de Moebius, des Pixies, de Brian Wilson, de Jerry Cornelius, de Watchmen et des Invisibles. On écoutera aussi de la musique et je lirai des extraits de texte. Y'aura des images, de la musique et ça sera climatisé (j'espère). Y'aura aussi Greg qui parlera du portfolio qu'on avait fait ensemble et de tout un tas d'autres trucs cools. Chanmé, de la balle, supra-génial, non?
16:17