mardi, février 23, 2010
Quand je lis ici ou là les propos des éditeurs français qui, face aux livres électroniques et à la numérisation des contenus, répondent qu'il faut attendre ou que rien ne se bougera avant cinq ans, j'ai peur (entre nous soit dit, Gilles, le minitel était plutôt en avance sur son temps, n'existait nulle part ailleurs et servait correctement ses utilisateurs. Tu aurais pris l'exemple de la radio numérique DAB, ça l'aurait mieux fait déjà). Et j'ai envie de citer Virginie Berger, ancienne directrice marketing de MySpace et spécialiste de la musique en ligne :
Qu’est ce qui a tué l’industrie musicale ? L’arrogance. L’arrogance d’être certain que rien ne changera, que ça ne sert à rien de chercher à anticiper le mouvement. L’arrogance de croire que tout se réglera à coup de procès ou de lois. L’arrogance de croire qu’on a pas besoin de chercher à comprendre ou changer.
L'exemple de ce qu'il ne fallait surtout pas faire est sous leurs yeux, mais j'ai tout de même l'impression que les éditeurs, par crainte, frilosité ou courte vue, sont en train de rééditer le même exploit consistant à faire semblant de s'intéresser alors qu'ils regardent en réalité ailleurs. S'ils n'anticipent pas et ne proposent pas des livres électroniques à des prix raisonnables, tout sera déjà joué lorsque les tablettes, les liseurs ou tout autre gadget à venir seront dans toutes les mains. Les utilisateurs qui ne pourront pas trouver de contenu sans DRM et à un prix correct se tourneront alors vers d'autres moyens de se procurer les textes (vous voyez ce que je veux dire.) Il ne faut pas envisager de proposer une offre dans six mois, un ou deux ans, mais commencer tout de suite. Souvenez-vous : qui avait un Iphone il y a deux ans? Qui a une Ipad aujourd'hui?
En attendant, il y a du contenu gratuit un peu partout, dont là.
14:57
Les éditeurs réfléchissent, et surtout, ils sont coincés par leurs distributeurs qui ne veulent rien perdre, au contraire. Et ils pensent aussi aux libraires qui sont de bons partenaires et risquent d'en prendre plein les dents. Cela dit, je pense comme toi : cette situation va leur faire perdre du temps/ de l'argent/ du positionnement…
# posted by Sylvie Denis : mardi 23 février 2010 à 16:31:00 UTC+1
Les diffuseurs et distributeurs ne veulent rien perdre? Je ne vois pas ce qu'ils pourraient pourtant apporter sur le marché électronique. A part faire perdre du temps... Et ceci dit, si les éditeurs sont bloqués par leurs distributeurs pour les versions électroniques, il y a quelque chose de pourri dans le cinquième arrondissement... Les libraires ont deux choses pour eux, contrairement au disque: le prix unique et le fait que les gens achèteront toujours des livres, quelque soit l'impact des e-books...
# posted by Gino : mardi 23 février 2010 à 16:36:00 UTC+1
Quelque chose de pourri… ah ah. tu veux dire : des éditeurs faisant partie de grands groupes et coincés par leur trouille à l'idée de perdre le moindre quart de centime ? Ils sont dans le même système que les maisons de disque, donc ils pensent pareil, oui, et ils vont très probablement faire les mêmes idioties… Ce qui à mon sens ouvre une porte pour les petits ou moyens qui sauront prendre le virage…
# posted by Sylvie Denis : mardi 23 février 2010 à 16:44:00 UTC+1
Tu as raison sur le fait que les editeurs doivent anticiper. Par contre, la comparaison avec la musique ou le telephone... les deux touchent un public bien plus large. De plus la musique s'est toujours ecouté avec des supports differents et est plus immaterielle (tu l ecoutes(enfin musique) dans la rue lors des soldes). Le téléphone portable a aussi (surtout?) un role tel les vetements de marque de vouloir se situer soit sur une echelle sociale soit de hypitude (justement "qui a un Iphone?").
Apres, c'est sur que de ne pas étudier un débouché quand tu es un grand de l'édition (avec peut etre plus de rond à mettre dans les etudes et recherches et developpement) ca parait fou dans l'économie de marché.. si tu rates une marche, c'est dur de rattraper.
# posted by Fred (Momo) : mercredi 24 février 2010 à 10:45:00 UTC+1
vous aussi vous vivez le tiqun... "commprend pas pourquoi ils agissent comme si ils voulaient détruire le métier!" on s'est dit ça aussi dans la musique... L'industrie est une grosse machine dont chaque rouage entraine un autre, il faut toujours regarder d'où part la force motrice, ou, en l'occurrence, la force d'inertie... Pas facile. "en politique rien n'arrive jamais par hasard" Roosevelt. Si tu écoutes les débats sur internet au parlement tu comprends que nos chers dirigeants ne comprennent rien à ce qu'ils font , ils sont complètement perdu, ils confondent boite mail et FAI, ça glace le sang, comme pour les Accords Généraux sur le Commerce des Services, ils appliquent bêtement les ordres onusiens, et donc les ordres de l'industrie, sans comprendre un traitre mot de ce qu'ils "proposent". C'est comme si, juste avant le déluge, Noé disait à dieu : "un bateau c'est bien ce truc avec des roulettes, une sonnette et une selle? Je ne me trompe pas hein?"
# posted by on est pas dans la ... : mercredi 24 février 2010 à 11:22:00 UTC+1
Là où la chaîne du livre devrait faire très attention, c'est qu'il est encore plus facile pour un auteur de dire: "j'en ai marre, j'me casse, je vais vendre mon ebook sur Internet" que dans la musique, où il faut, même si ça coûte de moins en moins cher, un studio, des instrumentistes, bref un investissement et une logistiques supérieures.
M'est avis qu'on risque de voir sous peu des expériences à la Radiohead, et, à long terme en ligne, un repositionnement des éditeurs / distributeurs en labels de qualité, agents et publicitaires...
# posted by Lionel Davoust : jeudi 25 février 2010 à 19:20:00 UTC+1