lundi, mai 12, 2008
Déçu par le Journal d'un ingénu, le Spirou d'Emile Bravo. Sans doute parce que Jérôme m'avait fait tout un topo sur l'avancée et la mise en place de l'action. Très bien, Jérôme, encore faudrait-il qu'il y ait de l'action... On est plus dans Les Bijoux de la Castafiore que dans de l'aventure pur sucre, ce qui n'est pas un reproche en soi, mais qui, dans ce contexte, est étrange. Comment Spirou, ce type si peu sûr de lui pourra-t-il devenir un héros? Où est l'aventure? Comment va-t-elle l'attirer? Tout cela est escamoté... Si l'album se présente comme un Spirou year one, il échoue à nous présenter les "origines" du personnage. On assiste à une "origine" de la Seconde Guerre Mondiale et à une bonne explication du comportement de Fantasio, mais Spirou reste ce personnage creux que personne n'arrive à investir. Bravo ne parvient qu'à expliquer son habit de groom et quelques autres détails qui n'avaient pas, à mes yeux, besoin d'explication. En revanche, les motivations de Spirou pour vivre des aventures, l'élément déclencheur de sa vocation, qui auraient dus être les éléments centraux d'un tel projet, ne me convainquent pas. Reste une lecture agréable pour un album dont je ne critique pas le brio dans l'exécution, mais le parti-pris raté. Le moteur est propre et bien huilé, mais il carbure au charbon, pas au sans plomb.
14:32
Heu, non... L'origine du costume de groom de Spirou, on la connaît depuis le premier épisode dessiné par Rob-Vel. Ça fait depuis 1938, à peu près, quoi... :-)
# posted by Anonyme : lundi 12 mai 2008 à 20:47:00 UTC+2
Bravo joue le réalisme et il essaye d'expliquer pourquoi Spirou a gardé son costume...
# posted by Anonyme : lundi 12 mai 2008 à 22:47:00 UTC+2
En passant! C'est pas son souci principal. C'est un Year One, si tu tiens à la comparaison, qui s'amuse à trouver des raisons à des conventions absurdes dans un contexte raisonnablement réaliste. Le décalage est entretenu entre la candeur de Spirou et la gravité du monde autour. Ce n'est pas une origine officielle (une histoire complète par Bravo parue dans le Spirou spécial soixante-dix ans remonte plus loin dans les origines, en nous donnant le vrai prénom de Spirou, et la raison de son emploi au Moustic Hotel). Ceci dit, c'est bien mieux intégré à la biographie de Spirou que tu sembles le penser: les histoires suivantes de Spirou, hormis le passage Rob-Vel, avec des robots égyptiens et autres farfeluosités, présente des histoires très quotidiennes de Spirou, par Jijé, puis les débuts de Franquin. Et s'il y a la lutte contre le robot, il y a aussi le combat de boxe parmi une bande de gamins (certains qui apparaissent dans le Bravo, d'ailleurs).
Il y a une transition dans les albums eux-mêmes entre les tout débuts et le Spirou grand aventurier. Le Bravo s'intègre plutôt bien dans ce contexte en présentant une version "réaliste" qui remplace celle d'un Spirou né sur la planche de Rob-Vel et saupoudré de poudre de vie.
C'est pas de l'action, non: c'est pas un film, c'est une pièce de théâtre. C'est un one-shot: c'est une autre vision de Spirou. Et c'est infiniment plus intéressant que le Le Gall où rien ne se passe en mimant une aventure, ou que le Tarrin qui fait du faux Franquin et se prend les pieds dans ses simulacres.
# posted by Anonyme : lundi 12 mai 2008 à 23:33:00 UTC+2
Entièrement d'accord avec toi sur Le Gall et Tarrin. J'ai lu quelques histoires de Rob-Vell et c'est vrai qu'il y a cet esprit, mais j'ignorais qu'il avait repris des gamins.
# posted by Anonyme : lundi 12 mai 2008 à 23:36:00 UTC+2
Moi non plus je ne suis pas trop d'accord avec toi. Bravo caricature très bien l'esprit Spirou, il donne au personnage l'idéologie du journal de Spirou en 1938. Je trouve ça très malin et je pense qu'on se fiche complètement qu'il n'y ait pas d'aventure, ce n'est pas le sujet. Et le rapprochement avec "les bijoux" est très juste. La narration ressemble fort à celle d'Hergé, en plus moderne.
# posted by Anonyme : mardi 13 mai 2008 à 21:46:00 UTC+2