samedi, juillet 28, 2007
Je le confesse aisèment, j'achète des illustrés en kiosque depuis une paye. J'ai parfois eu droit à des regards étonnées, voire dédaigneux, lorsque je passais à la caisse avec un exemplaire de Spider-Man (moins dans les grandes villes, je dois l'avouer). Dernièrement, l'âge du lectorat augmentant, l'indifférence régnait en maître. J'aurais pu acheter Femme actuelle ou Le collectionneur de trains électriques sans que cela ne fasse une différence. Mais tout à l'heure, à la presse à côté de chez moi, la caissière m'a lancé un : " Ha, un passionné de comics!" Surpris, j'ai laissé la conversation démarrer et elle m'a branché sur l'emplacement des fameux illustrés dans le magasin. La dame était visiblement fière de les avoir fait changer de place (je m'étais dit, une fois, que j'allais boycotter l'achat des comics dans ce lieu s'il fallait continuer à déplacer des cartons de revues pour enfants pour pouvoir accéder au bon rayon) et je lui confirmais l'intelligence de son initiative. Mettre les comics avec les revues de bédé n'avait jusqu'alors jamais traversé l'esprit des autres employés. Elle sembla ravie de mon approbation et je dois dire que je l'étais de son attention aux lecteurs de comics ayant dépassé l'âge de 14 ans, étrange confrérie dont je fais partie.
Parfois, on se dit que l'univers s'améliore.
Rentré chez moi, j'ai ouvert Le Monde que j'avais acheté par la même occasion. Et bien en fait, ce n'est pas le cas.
20:03
J'ai déjà parlé ici de groupe méconnu et qui, à mes yeux, l'étaient injustement. Aujourd'hui, permettez-moi de vous faire écouter (ou réécouter) Brainiac, de Dayton, Ohio. Leur musique date d'il y a plus de 10 ans, mais sonne bien plus moderne que beaucoup de groupes d'aujourd'hui qui flottent dans les mêmes eaux. Lisez leur bio sur la page, c'est assez tragique
Comme je l'ai loupé à Bordeaux, Mr. Thompson m'offre une séance de rattrapage vidéo. Rock star mode.
Cette première édition de la Garden Nef Party d’Angoulême, après un « épisode pilote » l’an passé, marque la naissance d’un nouveau festival de choix dans l’hexagone. Programmation variée, lieu accueillant, bonne organisation globale, tout était réuni pour faire de cette garden party un bon moment. Après 10 000 personnes venues applaudir Muse la veille, l’honneur d’ouvrir le bal de la journée du samedi revenait aux Anglais d’Art Brut. Show détendu et sans bavure. Les musiciens assurent tandis qu’Eddie Argos balançait ses paroles second degré poiloné. De quoi donner envie aux anglophiles de créer leur propre déclinaison du groupe grâce aux franchises que propose Art Brut sur son site. Beaucoup moins convaincants, les Klaxons ont lâché leur set habituel avec un son exécrable et une énergie qui ne compensait pas le côté brouillon de leur performance. Retour de karma ? En sortant de scène, Jamie Reynolds, le grand chanteur/bassiste s’est cassé la cheville et le groupe a dû annuler son passage aux vieilles charrues. La performance de Clap your hands say yeah ! avait de quoi faire peur. Les premiers bruits de leurs concerts parisiens n’encourageaient guère à l’optimisme la surprise fut donc bonne. Alors certes, le groupe ne fait pas preuve d’un enthousiasme débordant, mais la musique est bonne, le son à la hauteur et le public a, semble-t-il, été charmé. Mission accomplie. A contrario, Animal Collective, relégué sur la petite scène, a divisé les spectateurs. Certains, Greg le premier, ont accroché à ces expérimentations electro où le delay devient un instrument à part entière, tandis que d’autres, comme moi, n’ont pas su apprécier ce réseau de mélodies entrelacées par les trois membres de la formation. Reste que la pop du collectif est hors du commun et que la direction choisie par les musiciens est plus qu’intéressante. Retour sur la grande scène pour suivre la prestation de Cocorosie. Sans connaître le groupe, on peut être convaincu par les voix aux inflexions bjorkiennes (en bien mieux, tout de même) et les morceaux incantatoires et mélodieux. Côté satisfaction du public, le duo a fait fort en laissant la main quelques minutes à leur compère adepte de la beat box. Résultat : une ovation méritée pour une performance impressionnante. Le gros morceau du festival restait à venir. Réputation flamboyante, albums adulés par toute une frange de la scène indie pop, les dix membres d’Arcade Fire était attendus de pied ferme. Et pendant un quart d’heure, ils nous ont fait très peur. Les trois premiers morceaux, ternes, ne tenaient vraiment pas la route. Les guitares restaient en retrait, la magie n’opérait. Pire, avec une reprise de Poupée de cire, poupée de son où Régine Chassagne gesticulait comme un membre de la Bande à Basile, le groupe touchait le fond. Ca y est, pouvait-on se dire, la baudruche se dégonfle sous nos yeux, et ça fait mal. Et puis, en deux morceaux ils ont remonté la pente et la machine à spectacle s’est mise en marche. Efficace, carré, énergique. Arcade Fire est toujours là. Restait LCD Soundsystem, mais il était tard, j’avais de la route. Cassos…
17:44
La semaine a été consacrée à des synopsis. Celui d’un nouveau projet de grande ampleur, puis deux autres de bédé. L’un d’eux est un nouvel exercice pour moi : travailler sur des personnages que je n’ai pas créé, à partir d’une bible. L’univers en question est tellement proche d’autres mondes que j’ai déjà développés par ailleurs et de mon imaginaire en général que je n’ai pas eu trop de mal à m’y projeter. C’était même plus qu’amusant. J’espère que mon optique plaira aux intéressés.
Outre le vraiment pas bon dernier film d’Harry Potter, j’ai regardé le DVD de Hot Fuzz qui, lui, n’est en rien décevant. Edgar Wright (attaché à un projet d’adaptation de Scott Pilgrim, s’il vous plaît) et Simon Pegg transposent le Buddy movie d’action dans un village anglais et arrivent à mélanger leur humour à des scènes de bang-bang bien troussées. On rigole et ça défouraille. Que demander de plus ?
Le dernier tome du Daredevil de Bendis montre toutes les limites de ce scénariste sur-côté (seulement chez les geeks ceci dit). Le gars lance ce qu’il estime être un grand final en convoquant toute la troupe des persos de Miller, plus quelques uns des siens, pour aboutir à un truc qui tombe à plat. Le final à la dernière tentation du Christ est aussi digne d’intérêt qu’une fin scooby doo dans Wayne’s World. Bref. La fin du run de Bendis me fait m’interroger sur ma capacité à avoir apprécié le reste de cette resucée sans intérêt dessinée par un type dont le sens du storytelling et de la dynamique est à peu près égal à mes talents de dessinateur réaliste.
Beaucoup plus réjouissant est la dernière bédé de Frédérik Peeters, écrite en collaboration avec Pierre Dragon, un ancien flic des R.G. Réaliste et racontée avec brio, cette plongée dans le quotidien des planques et des trafics en tous genre est passionnante sans tomber dans le spectaculaire inutile. On peut comparer la bande à des films comme L.627 ou Le Cousin (un long-métrage sous-estimé à mes yeux), ce qui devrait parler aux amateurs de ce type d’ambiances et d’immersion vers le réel.
L’Escouade des ombres de Nikolavitch remplit bien son contrat. De la bédé de guerre dans l’espace avec un contexte politique pour le moins troublé. Du Starship Troopers de gauche, quoi.
Dans le dernier Comics Journal, une longue interview de Frank Thorne, excellent dessinateur méconnu (il n’a que très rarement bossé pour les deux grands) remplie de petites anecdotes marrantes, notamment sa première rencontre avec Betty Page lors d’une séance photo de la belle.
Hier soir, Nef Garden Party à Angoulème. Au menu : Art Brut, Klaxons, Clap your hand say yeah, Animal Collective, Cocorosie et Arcade Fire. C’était bien. Croisé Damien, l’occasion de parler un peu de New York et de prendre des nouvelles des anciens combattants.
17:05
Le Richard Donner cut de Superman II est bien meilleur, malgré quelques petits défauts, que le film tel que je l'avais vu jusqu'alors. On comprend beaucoup mieux, les scènes d'actions sont cent fois meilleures, l'humour naze est zappé, les dialogues drôles eux sont conservés et Jean-Pierre Cassel est toujours présent à gauche du président. On se rend d'ailleurs bien compte que Superman returns est une suite directe de ce film et pas de celui de Lester (le fils devient le père etc). Dommage que Singer se soit vautré dans un remake sans imagination...
Vu Smokin' aces (Mis$e à prix, en français), le deuxième film de Joe Carnahan. Bien écrit, bien réalisé, bien joué, un peu trop roublard à mon goût, mais suffisamment fun pour passer sans encombre malgré les 35 degrés de mon burlingue. Etrangement, le scénariste-réalisateur parvient à mêler deux sous-genre du polar pour aboutir à un long-métrage qui lorgne évidemment bien plus du côté Elmoreleonartarantiniesque que du film noir, mais qui, notamment lors de la dernière scène, surprend par des parti-pris plus réalistes. Le tour de force, c'est de faire oublier ce mélange, jusqu'au final à la fois poignant et malin. Après, Narc, Carnahan prouve qu'il est bigrement doué. Si j'étais producteur, je lui commanderai un James Bond avant que la franchise ne retombe dans ses vieux travers.
18:56
Je n'avais pas été aussi déstabilisé depuis que ma mère m'avait annoncé qu'Hyppolite Girardot n'était pas le fils d'Annie Girardot. Hier, j'ai appris que Luke Perry n'était pas le frère de Matthew Perry. Les briques de mon monde s'effritent peu à peu.
Et bientôt on va me dire que Carlos n'est pas le fils de Francis Blanche et de Françoise Dolto, c'est ça?
Phrase du jour: Sarkozy est le Kostadinov du PS (Claude Askolovitch).
11:28
Semaine de reprise. Débutée avec des toutes petites nuits (décalage horaire oblige) et terminée sous la chaleur. Au menu: Corrections des épreuves du Bond, bouclage du premier jet d'un synopsis de bédé, rencontre avec un super dessinateur et accord sur un projet commun. Plus tout un tas de broutilles annexes... Tiens, à l'instant, Greg m'envoie la mise en page qu'il a faite du portfolio qu'il publie dans le prochain Fiction et sur lequel j'ai, modestement, placé des légendes. C'est superbe.
Sécurité Intérieure, c'est une série française, une sorte de MI5 paraplégique. J'ai tenu à peu près vingt minutes: rythme affligeant, dialogue redondants malgré des bons acteurs. Pourquoi la télé française ne marche jamais? Le syndrome Navarro touche même les trucs qui se veulent ambitieux.
Lu Vies Minuscules de Pierre Michon et je ne saurais trop en parler. L'auteur expose sa vie avec une écriture qui fonctionne sur le principe du miroir. Chaque personnage dont il dresse le portrait, évoque, par reflet, une partie de sa biographie, de son caractère et de son être. Il décrit et explique en même temps, avec une écriture qui pourrait sembler froide, mais qui me semble, en réalité, si riche qu'elle pourra rebuter. Un des quelques rares livres parfaits que j'ai lu dans ma vie. Je n'avais pas ressenti ce genre de choc esthétique depuis Henry Miller ou Proust. J'ai déjà entamé Rimbaud le fils du même auteur. En rien décevant.
14:10