mercredi, février 13, 2013
Lu Gun Machine, le deuxième roman de Warren Ellis, un polar qui se retient d'être un roman de SF même si on sent parfois que l'auteur a bien envie de plonger franchement (mais qui, de nos jours, peut écrire de la SF avec la moindre ambition commerciale à part deux ou trois gars qui font du space op' et déjà installés ?). L'idée de malade à la base du roman - on retrouve une cache d'armes, des centaines, ayant toutes servies dans des meurtres non élucidés - est bien menée jusqu'au bout dans une sorte de trip urbano-amerindiano-boursier qui se tient. Là où je trouve que ça pêche un peu plus, c'est dans le traitement du personnage principal, très plat, et dans la énième dynamique de trio qu'utilise Ellis. Il sait faire, mais justement, on sent qu'il ne prend pas de risques. Voilà, au final, c'est cette impression qui domine. Celle d'un gars qui a écrit pour le marché, pour plaire, pour entrer dans la liste des best-sellers du NY Times (on y entre une fois, a-t-il expliqué, et on est pour toujours un NY Times best-sellers author). Ça a marché. Bien joué, mais maintenant, on aimerait qu'Ellis ose un peu plus. Ou il faudrait peut-être que je révise mes attentes vis à vis de lui.
On passe un très bon moment, hein, n'allez pas croire le contraire, mais j'attendais, peut-être à tort, beaucoup plus d'Ellis que ce super épisode à concept des Experts Manhattan.
Et je reste dans l'idée qu'il devrait écrire de la SF futur proche, avec toutes les idées tarées et autres concepts qui sont sa matière, ça fonctionnerait sans doute bien mieux. On verrait sans doute moins les défauts.
Lu aussi Souvenirs de l'Empire de l'Atome, la bédé de Smolderen et Clérisse sur un personnage qui ressemble beaucoup à Cordwainer Smith. C'est très beau, très référencé, sans doute très profond, mais passée la contemplation béate de l'univers dépeint, on s'emmerde tout de même un peu dans une narration qui glisse sans aspérité, sans véritable enjeu. Ça ressemble à une version ultra léchée et 50's SF de la pub Herta avec le papy qui apprend au gamin à faire une roue dans l'eau (flute de pan incluse). On s'y sent bien, ça ne nous décalamine pas les recoins, mais on s'en branle un peu, au fond, de savoir faire une roue dans l'eau. Si nous étions en 82 dans Métal Hurlant, j'aurais simplement écrit: "Beau, mais chiant".
Lu aussi le Bifrost spécial Rock. J'adore Comballot, mais son intro visant à la réhabilitation du rock prog en l'opposant à l'autre rock, celui des néandertaliens binaires, est aussi fin et juste qu'un amendement UMP à propos de la loi sur le mariage pour tous. Et ne parlons pas de sa liste des 100 disques rock SF.
La période de folie continue. Légère grippe ou assimilée (merci la maternelle) et du boulot par dessus la tête. De la trad (encore du Morrison, ouais!), du roman, de la bédé. Demain, je fais un aller-retour à Paris, histoire d'accumuler encore un peu plus de fatigue et d'avoir plein de travail à rattraper ce week-end.
16:29
Passons en vitesse sur Willem, le grand prix d'Angoulême, tout ça. Vous savez ce que j'en pense. C'est tous les ans pareil.
Je suis tout de même étonné que le résultat des votes des auteurs ait donné Toriyama. Toriyama, quoi! Docteur Slump et Dragon Ball. Ok, les mecs, d'accord, j'ai du mal à comprendre. Mais bon, je ne suis jamais content. Un coup trop snob, un coup trop populo.
Comme pour compenser, My Bloody Valentine a sorti son nouvel album aujourd'hui. On ne l'attendait que depuis 1993. Je n'ai pas trop réfléchi, j'avoue. J'ai fait péter Paypal et j'ai acheté le combo vinyle, CD, MP3 sans attendre d'en écouter une seconde. Je n'en ai pour l'instant passé que la moitié. Je suis bien évidemment déçu et enthousiaste, emporté et dégoûté. Je vais adorer ce disque. Je vais même le détester. Je vais regretter qu'il ne soit pas rose et ne soit pas exactement Loveless. Exactement les raisons pour lesquelles je vais le vénérer.
Bref, My Bloody Valentine a sorti son album.
Beaucoup d'entre nous n'ont pas touché le sol aujourd'hui.
Semaine infernale terminée. Dernier jour de tournage de Plus ou moins geek mercredi, suivi de la fête de fin de tournage réglementaire. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais s'il n'y a pas d'autres saison, je regretterai beaucoup de ne plus revoir régulièrement cette bande de tarés.
J'ai enchaîné sur une journée d'Angoulême. Trop court, trop de monde à voir, trop de rencontres à l'improviste qui tourne court parce que "on m'attend là", "on se recapte dans cinq minutes" et autre phrases sincères, mais oubliées trente secondes plus tard dans le tourbillon.
Vu la chouette expo Andréas (forcément) où l'on se rend compte que le gars maîtrise une chiée de technique. Vu aussi pas mal de collègues dont la bande de traducteurs de comics au quasi grand complet (Jim Lainé se cachait sans doute), François, Serge Lehman (dans un courant d'air) qui m'a lancé un "c'est une belle période pour être auteur!" qui en ferait rire ou pleurer certains, mais qui m'a bien plu, moi, et puis des éditeurs, des vieux potes avec lesquels on se dit toujours "faut vraiment qu'on bosse ensemble" et j'en oublie évidemment un milliard.
C'était Angoulême, quoi. Sous la pluie. Et pas assez longtemps.
Maintenant, je vais essayer de finir mon boulot en cours sans devenir fou.
Et j'ai un disque à écouter...