vendredi, octobre 29, 2010
Vous l'ignorez sans doute, mais j'ai entamé une série de petits essais dans la revue Galaxies. Il s'agit de parler à chaque fois d'une nouvelle et d'en analyser humblement ses rouages. J'ai commencé avec un texte d'Ellison, puis un de Simak (dans le numéro à paraître) et je viens de terminer de rédiger celui sur "Le Continuum Gernsback" de William Gibson.
C'était juste pour dire que je m'éclate à faire ça.
Voilà.
C'est tout.
19:02
J'ai reçu ça hier. C'est traduit par bibi et c'est plus épais qu'un magret façon Maïté.
Lu Monstre [Une enfance] de ce fichu Suisse de Fred Jaccaud. Et c'est plus que bien. C'est impressionnant. Le genre de bouquin qui reste à un niveau immédiat, émotif, viscéral dirait un critique de Mad Movies, mais qui durera aussi par le travail sur les personnages et les points de vue qu'il opère. Du grand art (et je dis pas ça parce que c'est un pote, mais j'ai vraiment adoré).
Je me rends compte que je ne connais vraiment que deux albums de Neil Young, mais que je suis familier de morceaux supplémentaires par l'intermédiaire de reprises réussies. Quel songwriter.
D'abord, j'ai eu une grosse surprise. Je suppose que j'attendais une réponse. Je ne me serais pas étonné de recevoir une lettre de Dawson City ou de Hong-Kong… en tout cas de Paris ! Mais Paul Bérato-Dermèze habitait en Lot-et-Garonne comme moi ! Mes parents exploitaient une petite métairie dans l'extrême nord du département… Je n'ai pas pensé tout de suite que je pourrais lui rendre visite. Je digérais lentement cette chose ahurissante : on pouvait être un romancier d'aventures et habiter en Lot-et-Garonne. Cela semblait incroyable. Mais tous les espoirs m'étaient permis. Ma vocation date peut-être de ce choc… Plus tard, j'ai étudié la carte du calendrier et je me suis rendu compte qu'il habitait seulement à une quarantaine de kilomètres de chez moi. C'était faisable à bicyclette, à condition d'en avoir une meilleure. J'ai pu m'offrir une machine neuve en vendant des cèpes et des escargots. Finalement, je suis allé chez Paul environ dix-huit mois plus tard. J'ai été enthousiasmé…
Je me rappelle d'une remarque que m'avait faite mon éditeur et néanmoins ami André-François lors d'une de ses visites dans mon ancien appartement, un endroit effacé de ma mémoire à coup de lance-flamme tant les derniers temps y ont été difficile. " C'est un peu impersonnel", m'avait-il dit, ou quelque chose comme ça. En gros, il voulait me signifier par là que l'endroit ne ressemblait guère à ses habitants et que la décoration n'y était pas folichonne. "Certes", lui avais-je répondu, "mais je ne me suis encore jamais véritablement "installé" quelque part, j'attends d'être dans le lieu rêvé pour le faire."
Cela fait plus d'un an que j'ai déménagé dans un vrai chez moi. Après les travaux de décoration essentiels, les coupes franches dans le jardin, la pose de parquet, la salle de bains, la nouvelle véranda (j'en passe et des plus casse-burnes à faire), hier, mes parents (enfin, surtout un, hein, nous on l'a essentiellement regardé) sont venus m'aider à poser les bibliothèques dans le salon. Entre les photos de Monk et des Beach Boys au mur, le bureau en bordel (essentiel) et les livres qui s'entassent peu à peu sur des mètres et des mètres linéaires, je commence vraiment à me sentir chez moi.
Dehors des vignes, dedans des livres: un véritable homme moderne.
13:50
Je ne sais pas si c'est ainsi que l'on s'aperçoit que l'on vieillit, mais je me rends de plus en plus compte que, culturellement, je suis à la ramasse, largué, complètement dépassé par le flot. Il y a bien eu une époque où je me tenais au courant d'un peu tout ce qui sortait, où j'allais voir toutes les nouveautés qui m'intéressaient au cinoche, où j'arrivais à suivre les sorties de bouquins de genre, où j'écoutais les derniers albums sortis à la recherche du nouveau groupe génial dont tout le monde allait parler bientôt, mais cette période me paraît loin désormais.
Je suis plutôt dans une phase de lâcher prise par rapport l'accélération ambiante et je me recentre, inconsciemment sans doute, mais indéniablement, sur des choses du passé, des classiques que je n'ai pas encore goûtés, des albums qui étaient passés entre les mailles de mon filet de pêche culturel. J'arrive tout juste à me tenir au courant des comics qui sortent et de l'actualité de la bédé franco-belge, mais en piochant tout de même cent mois de bouquins qu'avant. J'admire et regarde d'un oeil attentif les aventures dans le now de Fabrice ou de Toto, mais je suis incapable de les suivre.
Tout ça pour dire, qu'une fois n'est pas coutume, je viens de lire un roman assez récent et formidable de Junot Diaz, La Brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao, sorte de quête non-initiatique d'un geek dominicain immigré à New-York, abreuvé de Tolkien et de Dune, écrite dans une langue parsemée d'un castillan évocateur et démarrant par une citation de Galactus, le dévoreur de mondes. Prix Pulitzer 2008, la bête est aussi étrange et duelle que l'est son personnage principal, mais pas moins passionnante. Tout est réuni pour former un grand bouquin, y compris les récits enchâssés en mode saga familiale, comme si l'auteur rejouait une télénovella façon grand roman américain. Impressionnant premier roman.
Parmi les séries oubliées et même jamais diffusées en France, certaines possèdent une réputation qui les fait sortir du lot. C'est par exemple le cas de Sports Night, le premier show créé par Aaron Sorkin, mais aussi de Freaks and Geeks, un des premiers boulots d'Apatow à la télé, dont j'ai fini de regarder l'intégrale.
En conclusion d'un cycle John Hughes improvisé, c'était parfait. On est dans les années 80, dans une petite ville où les freaks et les geeks du titre naviguent entre problèmes existentiels de découverte de la vie et intrigues plus terre à terre propre au lycée. La série a dix ans, mais reste un petit bijou: bien écrite, excellemment jouée et ne tombant jamais de manière frontale dans la provoc' inutile ou le rire facile.
La fin de saison est parfaite, mais malheureusement la série n'a jamais été renouvelée.
L’hiver est presque fini, mais il fait toujours froid le soir. On marche vite, en allumant des clopes, en jouant aux écervelées comme si nous étions les reines de la nuit, dans un taxi new-yorkais en route pour un vernissage de Raymond Pettibon. Nous sommes jeunes, belles et la fumée qui sort de nos poumons monte vers les cieux pour aller titiller les démentielles narines des dieux barbus qui veillent sur la nuit. Il nous arrive parfois de ne pas échanger un mot pendant le trajet. Soit parce que nous avons épuisé tous nos sujets de conversation soit car, par un accord tacite, nous avons envie de faire des réserves pour plus tard, d’emmagasiner ce qui fera sans doute, dans l’avenir, l’essence de nos dix-sept ans. Marcher dans la ville chloroformée, sous les lampadaires endormis, ignorer les stades et les maisons bourgeoises, s’accaparer le trottoir comme le tapis rouge de notre jeunesse en fredonnant des airs américains.
Je crois que je viens enfin de finir un roman. (Merci, Toto, pour les Wrens qui m'ont accompagné dans les derniers cent mètres.)
Plusieurs grosses relectures vont suivre avant de commencer à chercher un éditeur. Que j'en trouve un ou pas m'importe peu à ce stade. J'ai sans doute écrit le texte le plus personnel que j'écrirai jamais et je suis ravi de l'avoir fait (et peut-être un peu triste que ce soit fini). Certains événements qui se sont déroulés durant la rédaction sont tellement entrés en résonance avec le texte que j'ai eu parfois l'impression que la réalité devenait le miroir de la fiction. Une expérience si troublante a eu lieu que j'ai failli remettre à plus tard l'écriture de la fin du roman pour pouvoir décrire, en partie, la vérité. J'ai finalement décidé de finir comme je l'avais prévu. La réalité va-t-elle une fois de plus refléter le texte ?
Tout ça parait sans doute flou, mais je ne peux en dire plus.
Week-end chargé (mais ne le sont-ils pas tous?). Après le béton de vendredi, et la piteuse répét' de samedi, j'ai fait un tour à Gradignan écouter parler Mélanie et Pascal de SF puis hier, aux rencontres Chaland de Nérac, cette fois écouter parler Joost Swarte de son travail en bédé, en illustration et en architecture. Et dire qu'il m'a donné envie d'aller visiter le Musée Hergé est en dessous de la vérité. Je passe sur le repas pantagruelique de midi (L&G represent): non, on ne va pas là-bas que pour manger (mais ça fait partie de l'expérience).
Et sinon j'ai lu ça et c'est excellent (pas autant que du Lansdale, mais presque).