Je viens de lire cet article sur les briseurs de records de jeux d'arcade et je reste fasciné par les limites, les kill screens, ce dont parle Christopher Priest dans Les Extrêmes. L'opposition entre le type qui connaît le code et pour qui tout n'est que zéro et un et l'artiste qui brise le record de Ms. Pac Man à l'intuition montre deux fonctionnements extrêmes du cerveau humain, aussi passionnants l'un que l'autre...
En ce moment, relectures intensives (pour ne pas dire pénibles, 10 mois de boulot sans s'arrêter, ça commence à me peser dans les bottes). Quand je ne dors pas, je suis dans ça.
Lu Los Angeles de Peter Moore Smith (le frère de Julianne Moore, apparemment), drôle de petit livre noir qui narre le trip d'un albinos, film d'un riche producteur de films de L.A., qui vit enfermé dans son appart seulement éclairé par la lumière de son écran de télé diffusant en boucle Blade Runner. Itinéraire en zig-zag pour ce livre qui ne révèle son sel qu'à la toute fin, dans un enième retournement de situation, et qui fait penser à tant d'oeuvres (de Hammet au Desolation Jones d'Ellis en passant, évidemment, par Dick) que l'impression reste mitigée. Hommage ou pastiche? Ratage ou réussite? Essayez le premier chapitre ici.
17:31
Le plus fascinant dans les discussions avec Eddie et Howard, étaient les moments anodins où ils lachaient, l'air de rien que l'un d'eux avait vu Thelonious Monk en concert à Manhattan (et que le pianiste avait dédié un morceau à Eric Dolphy en ajoutant "you've killed him, you white motherfuckers!), que l'autre avait accueilli trois jours chez lui Robert Crumb ("C'était comme avoir les Beatles à la maison") où que tous les deux avaient été invité à une fête en compagnie d'Arthur C. Clarke.
Vu The Dark Knight. J'ai ressenti les mêmes émotions qu'il y a presque une vingtaine d'années lorsque j'ai découvert pour la première fois The Killing Joke de Moore et Bolland ou Dark Knight Returns. Cette sensation de ténèbres et d'étouffement, ce frisson typiquement adolescent qui te fait dire que le grim'n gritty, c'est vraiment cool. Le film te serre à la gorge dès le début et ne te lâche pas. J'ai rarement vu une telle intensité dans un long-métrage. La musique lancinante à base de larsens à la Sonic Youth couplée à ces plans de caméra qui tournent ne provoquent pas le vertige, mais le malaise. Non, vraiment, à chaud, je ne trouve presque rien à redire à ce film ressenti vraiment viscéralement. Le plus surprenant reste sans doute le scénario qui ne me pas sembler se répéter par rapport aux centaines d'histoires de Batman que j'ai déjà lu. Et cette noirceur, ce discours sur le terrorisme... Vraiment: Gino's approved!
12:01
Le sort s'acharne. Non seulement j'ai une infection à une dent de sagesse, mais j'ai failli y passer, hier, lors de l'effondrement d'un balcon en plein-centre de Bordeaux. Quand j'ai vu des gens qui regardaient vers le haut, j'ai bien fait de lever les yeux à mon tour juste au moment où la pierre commençait à s'effriter. Je me suis écarté en courant tandis que le balcon s'effondrait dans un bruit de tonnerre.
14:19
Mon intervention par visio-conférence à la convention de Nyons a donc eu lieu aujourd'hui. Le son n'étant pas terrible, Ugo a dû passer l'enregistrement que j'avais fait quelques jours avant, mais j'ai tout de même pu répondre en direct aux questions. Et comme lesdites questions étaient intéressantes, c'était plutôt très sympa. J'essaierai de remettre en forme le texte et de le publier quelque part lorsque j'aurais le temps. Howard Cruse et Eddie Sedarbaum sont ici et parler anglais toute la journée m'épuise. Je manque vraiment de pratique et de vocabulaire. Mais les discussions sont super intéressantes. C'est sans doute le bon moment pour vous inciter à lire ou relire le chef d'oeuvre d'Howard, Un Monde de différences.
Lu Spin, le meilleur livre de SF que j'ai lu depuis bien longtemps. Impressionnant de bout en bout. Une nouvelle idée sidérante vient remplacer la suivante à une cadence hallucinante. La narration, aller-retours entre présent et passé, est sans faille et semble couler (on imagine aisément le travail de folie derrière) et le style est limpide, sans éclat, mais hyper adapté (la traduction est super, paraît-il, je n'ai pas de mal à le croire puisqu'elle est del Senor Goullet, mais je l'ai lu en angliche). Ca faisait longtemps que j'avais pas pris un tel pied avec un bouquin de SF. Disons aussi que finalement, j'en lis assez peu, en proportion de toutes mes lectures.
Vu Doomsday. Trip total. Excellent. Un canon, mélange entre Lara Croft et Snake Plissken, tire sur tout ce qui bouge et balance des low-kicks. Un bout de Escape from NY (musique comprise), un autre de Mad Max et des tas d'autres de plein de films des années 70 forment un film assez débile, mais super jouissif pour l'amateur. On frise souvent le ridicule sans jamais y sombrer franchement, mais les scènes d'action fonctionnent hyper bien et c'est, sans doute, tout ce qu'on demande à un tel film. Une bédé de 2000 AD en live, quoi.
11:37
J'ai réussi à tenir trois quart d'heure devant Frontières, une bouse mal écrite, mal jouée et enfilant plus de clichés que Cartier-Bresson pendant la libération de Paris. Quand le méchant nazi est apparu, mon doigt a glissé inconsciemment vers la télécommande pour réveiller mon cerveau du spectacle de ce vide absolu.
19:02
Je suis une légende est vraiment un gros ratage. Même le début, le plus intéressant morceau du film, est plombée par des moments ridicules et peu crédibles. Si on y ajoute un scénar qui trahit le roman, des créatures ratées et un personnage de chercheur peu crédible, on aboutit encore à un film de Will Smith. Après I, Robot, il va sans doute réussir à gâcher Foundation ou Le Maître du Haut-Château. Imaginez Tagomi joué par Will Smith, pendant la scène du bijou, il fredonnerait une chanson de Queen...
10:25
Je me rends compte que je ne lis plus le blog de Neil Gaiman depuis trois ans... Hop, un coup de ménage. Et du coup, je le remplace par celui d'Elric qui, étonnamment, n'était pas dans la liste. Certains d'entre vous verront bientôt un dessin d'Elric, mais chuuut.
11:30
Le début de Wall E. est absolument parfait. Du pur cinéma: muet, inventif, drôle, touchant, intelligent, en un mot: génial. Et puis le film devient plus classique, change de décor et met en scène des humains. Malheureusement. On reste dans de l'animation haut de gamme, du Pixar de bon niveau, mais on ne retrouve jamais l'enchantement du début. Quel chef d'oeuvre, ce film aurait pu être...
19:51
Patienter dans l’antichambre du bureau du président de la République française peut s’apparenter au temps passé dans la salle d’attente d’un dentiste. Les questions s’y amoncellent. De quoi va-t-il s’agir cette fois ? Simple détartrage terminé en cinq minutes ou demi-heure de soins pour une carie que l’on s’ignorait ? Va-t-on vivre un moment désagréable, mais court ou bien un enfer qui risque de s’éterniser ? Lorsqu’on travaille pour la DGSE, une rencontre avec le chef de l’état suscite le même genre d’interrogations : le président va-t-il vous accorder cinq minutes pour vous serrer la main ? Vous féliciter de votre travail « décisif pour la France » ? Ou va-t-il au contraire vous injurier à propos de votre dernière mission, puis menacer de faire trucider votre famille si l’envie vous prenait de dévoiler le moindre éléments de cette opération raté avant de vous mettre au placard ? Ou, s’il vous reste un peu de chance à ce stade, va-t-il se contenter de vous virer ? Fred Minard n’avait jamais croisé la route de celui que le peuple avait élu avec plus de 93% des voies, mais les récits glanés à propos de ce type de rendez-vous ne le rassuraient pas. Assis sur un fauteuil XVIIème dans un large couloir près de la porte du bureau présidentiel, il ne pouvait s’empêcher de repenser à cette histoire que lui avait raconté un jour Bruguet. Une agente dont une erreur de traduction avait compromis une importante transaction avec la Lybie n’était jamais réapparue après sa visite à l’Elysée. Des rumeurs courraient sur ce qu’il lui était advenu. La plus farfelue évoquait un cadavre balancé par une équipe de nettoyage sur la côte bretonne. Minard frissonnait à l’idée de la température de l’eau au large de Perros-Guirrec, lorsque le craquement du plancher le tira de sa rêverie Atlantique. La porte qui le séparait du bureau du président s’ouvrit et un huissier en costume lui indiqua qu’il pouvait entrer. A l’intérieur, le secrétaire général lui tendit une main ferme que l’agent s’empressa de serrer. — Monsieur Minard, ravi de vous rencontrer. — Euh, moi de même. — Si vous voulez bien me suivre, le Président vous attend. Le second du chef de l’état ressemblait au haut fonctionnaire standard. Cheveux grisonnants, raie sur le côté, yeux vides, sourire carnassier, un faux air d’Hergé, mais un Hergé qui aurait enculé Milou avant le petit-déjeuner. Son costume bien taillé et son eau de toilette de luxe parvenaient à peine à masquer son allure de représentant de commerce typique. L’image d’un hôtel Formule 1 traversa l’esprit de Minard tandis qu’il passait le seuil qui le séparait du bureau du président. La pièce n’était pas aussi grande qu’il l’avait imaginé. Le bureau, en revanche, mesurait plus de deux mètres ; l’agent n’en avait jamais vu d’aussi grand, pas même lorsqu’il s’était retrouvé devant celui de ce mégalo de préfet des Antilles lors d’une mission qui avait impliquée une fille magnifique, mais unijambiste, un poison mortel et une session de plongée sous-marine en compagnie d’un commando mené par un général corse à l’haleine provençale.
12:04
Certains films sont pensés et calibrés pour un public bien précis. Dirty Dancing (Danse lascive en québécois) fait partie de ce genre de films pour filles adolescentes. Rien d'étonnant à ce que je sois passé à côté. Après tout, combien de filles ont vu Karaté Kid? La comparaison n'est pas fortuite, car après avoir regardé, hier, Danse Lascive, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait du strict équivalent féminin de Karaté Kid. Les scènes de baston y sont remplacées par des scènes de danse, mais le récit de passage à l'age adulte et de combat face à l'adversité est semblable. Les acteurs jouent aussi mal dans les deux films et les dialogues sont aussi mauvais dans l'un que dans l'autre.
Il existe apparemment un Dirty Dancing 2, que je vais m'empresser de regarder en repensant à Karaté Kid 2 évidemment...
10:21
Tous les signes étaient là. Critiques calamiteuses pas ou très peu contrebalancées par des avis positifs et même Jérôme me conseillait le film, alors que je sais bien que Jérôme aime tout ce qu'il va voir au cinéma. Bref, j'aurais dû voir venir. Mais, poussée par la nostalgie, j'ai tout de même décidé d'aller voir le nouveau film X-Files. Je n'ai pas eu l'impression de voir un navet, j'ai même plutôt bien aimé le côté "les héros vieillissent, ils ont des problèmes de couple...", mais l'intrigue principale, sorte de resucée de Clyde Bruckman Final's repose à la Frankenstein, m'en a touchée une sans faire bouger l'autre. Bref, un film devant lequel le ferai la sieste lorsqu'il repassera dans quatre ans, un après-midi durant les fêtes de noël...
17:50