mercredi, juin 28, 2006
Un match entre potes à boire beaucoup de bière et à gueuler comme des veaux, c'est marrant, mais le lendemain, la gueule de bois est presque obligatoire... Mais ça fait plaisir tout de même.
Hier, en ouverture de l'émission, la voix un peu étranglée, Bernard Lenoir se dit inquiet pour l'année prochaine. Son émission risque d'être repoussée tard dans la nuit. Autant j'ai rien à foutre que Là-bas si j'y suis et son altermondialisme à la petite semaine dégagent, autant là, je trouve ça con. Pas étonnant du coup, mais con. Comme la lune.
15:12
Sofia Coppola n'a apparemment pas grand chose à dire, mais elle le fait bien. Ses films, et Marie-Antoinette ne fait pas exception à la règle, traitent tous de jeunes filles qui s'ennuient. Evidemment, les circonstances, les lieux, les époques changent, mais le même désespoir, le même spleen adolescent suinte de chaque plan. La fille de Francis a, en plus, un coup très sûr en matière musicale et entendre Honk-Kong Garden sur un bal masqué, Plain Song sur un couronnement ou même All Cats are grey pour la noirceur finale est super agréable. Plaisir des sens immédiats plus que plaisir intellectuel, Sofia Copolla revient peut-être à une conception idéale du cinéma: des images, du son, des émotions.
15:35
J'ai encore pas parlé des critiques concernant mon bouquin. Il y en a des très bonnes, des moins bonnes, mais globalement, on ne peut pas dire que je me fasse éreinter (ça peut encore arriver, remarquez). Il y a bien des choses avec lesquelles je ne suis pas d'accord, certaines vérités assénées où je me dis que le critique n'a rien compris, mais je n'ai pas à répondre: chacun son boulot, je ne vais pas faire ma pleureuse à la Larcenet, posture artiste incompris. Et puis, je me suis assez insurgé lorsque c'était mon job à plein temps de faire des critiques, contre les auteurs débiles qui ne supportent pas la moindre objection à leur "oeuvre". 33 tours est un magazine culturel bordelais vendu en kiosque. Niko me signale qu'il y a une critique de mon bouquin dedans. Je vais regarder, au tabac à côté de chez moi et le papier dit que j'emprunte à Alias (je revendique, c'est assez flagrant et c'est fait exprès: pourquoi croyez-vous qu'il y a une partie scénario de série télé?) et que j'ai piqué mon découpage à Bernard Werber. Alors là, je suis incapable de savoir de quoi parle le gars, vu que le seul Werber que j'ai essayé de lire, j'ai tenu deux chapitres tellement c'était écrit du pied gauche. Donc, bon, je dis pas que c'est faux, mais j'en sais rien et j'aimerais bien comprendre. Si quelqu'un peut m'expliquer ce qu'est le découpage Werberien (quel mot!) et en quoi il ressemble au découpage de Neurotwistin', je suis preneur.
Week-end cinoche: H2G2 est assez sympa. Du bon délire avec quelques idées de SF bien tordue et drôle.
Cars n'est pas le meilleur Pixar, loin de là, mais reste à 100 coudées au-dessus de la concurrence shrekienne des autres films de studio en images de synthèse. Et la BA de Ratatouille, le Pixar de l'année prochaine est plus qu'alléchante.
La Colline a des yeux fout vraiment les chocottes et ne fait pas dans la dentelle. Lolo a arrêté de regarder à partir de la moitié du film et la nana derrière nous ne cessait de lâcher des "oh merde" ou autres "c'est pas vrai". J'attends de voir ce que les deux co-auteurs du film vont donner sur un film avec un scénario plus conséquent, mais ils ont bien réussi leur coup avec celui-là.
11:53
Ca faisait des années que j'avais pas mis les pieds dans le centre d'une ville quelconque lors d'une fête de la musique. Hier soir, j'ai donc affronté le peuple et me suis frotté à mon agoraphobie naissante au milieu des groupes de reprises nazes et des gens qui mangent des merguez. Fait des kilomètres à pied et pas vu grand-chose de bien. Heureusement, il pleuvait pas.
11:18
Hier soir, j'ai maté Cellular, un film qui n'aurait pu exister il y a quinze ans. Voila une histoire qui joue sur tous les registres possibles du téléphone qu'on tient à la main: "merde, j'ai plus de batterie" Whaou, suspense. "Shit, un tunnel. Je fais demi-tour" et même, à la fin, l'appendice à textos remplace le flingue pour tuer un mec. Astucieux, même si le film reste très série B moyenne.
11:10
On va dire que je m'acharne, mais c'est suffisamment drôle pour que j'en parle. Je dis souvent du mal (en privé ou en public) des trads de Panini et je ne devrais pas, parce que tout le monde fait des conneries, moi aussi bla bla bla.
Là, je viens de lire Batman n°13 (c'est bien y'a du Lapham dedans) et la grosse connerie du bouquin n'est pas une bêtise de trad. C'est Christian Grasse à la fin qui parle de la mini-série Jekyll and Hyde en expliquant que le scénariste, Bruce Jones, a fait ci à fait ça et ça dure une demi-page comme ça. Sauf que la mini en question, contenue dans le magazine, elle est signée Paul Jenkins et que c'est écrit à trois autre endroits dans le bouquin. Bon, ok, une fois j'avais écrit Gibbons à la place de Bolland (mais c'était dans une minuscule critique). Tout ça pour dire que ça commence à se voir que les revues Panini sont faites à l'arrache et que personne ne relit jamais.
Ha, et j'allais oublier: la mini-série Batman Year 100 de Paul Pope déchire grave.
14:40
Une bonne nouvelle de mon côté, niveau boulot. J'en parlerai plus tard.
Sinon, j'ai deux voitures à vendre: une 106 kid et une Fiat Punto Diesel, spéciales petits budgets. Si ça intéresse quelqu'un, envoyez un mail en cliquant sur contact, à gauche.
11:55
Dans le trou noir ? Songs from the black hole de Weezer.
On a parfois comparé Brian Wilson à Rivers Cuomo, le leader de Weezer. Tous les deux sont des mélodistes accomplis qui ont parfois flirté avec les mêmes thèmes et l’un ne cache pas son admiration pour l’autre. Au-delà de ces liens évidents, un autre, moins connu, rapproche les deux hommes et leurs groupes : Weezer aussi a son disque perdu, mythique, son concept-album de science-fiction passé à la trappe qui suscite fantasmes et pétitions des fans. Le Smile de Weezer s’appelle Songs from the Black Hole et il aurait dû sortir en 1995, juste après le Blue Album, le premier album du groupe.
Pour ce « space rock opera », l’idée initiale de Cuomo était de créer une histoire avec des personnages et de les faire jouer par différentes personnes qui chanteraient tour à tour sur le disque. Ainsi, on trouverait Jonas (interprété par Cuomo), 'the good girl' (par Rachel Haden of that dog.), Maria (par Joan Wasser des Dambuilders), Wuan & Dondo (par Matt Sharp, le bassiste et Brian Bell le guitariste de Weezer), et un robot, M1 (joué par Karl Koch, le cinquième Weezer, l’historien et concepteur du site internet du groupe). L’histoire contée dans l’album aurait suivi cinq personnages, des jeunes astronautes en route pour une mission sur une planète lointaine. En plus de leur mission, le disque aurait traité de leurs relations. Le tout aurait eu une saveur rétro fifties plutôt que de ressembler à une histoire de SF des années 90. Rivers Cuomo a fait des démos pour l’album et a mis au point deux track-listings. Mais, sans doute à cause du groupe parallèle du bassiste Matt Sharp, dont le style était trop proche de ce que Cuomo voulait faire avec Songs from the black hole, l’album a été abandonné. Le leader de Weezer a changé de thème et est passé à celui de Mme Butterfly pour aboutir au second album du groupe, Pinkerton, qui reprend néanmoins quelques titres destinés initialement à Songs from the Black Hole (Tired of sex, Getchoo, No other one) et qui en fait en quelque sorte le Smiley Smile de Weezer. On retrouve d’autres titres disponibles en MP3 sur le site http://www.sftbh.com/ dont le magnifique Blast off ! ou le très calme Come to my pod. I just threw out the love of my dreams, chanté par Rachel Haden reste sans doute le meilleur artefact de la vraie nature de l’album perdu. On trouve ce morceau en face b de The Good Life.
Les infos qui filtrent au compte-goutte sur l’album continuent d’alimenter les rêves les plus fous des fans qui espèrent une sortie des démos de Cuomo, à défaut de voir le groupe véritablement enregistrer les morceaux manquants. Sur son site Myspace, le chanteur a donné récemment des paroles manquantes et semble content de l’intérêt que montrent les fans pour son album perdu. Il vient de promettre d’essayer de mettre en ligne le reste de ses démos dès qu’il le pourra, en fonction des impératifs juridiques de droits qui les régissent("Thanks for your interest in these songs! I'm putting up the lyrics now because I suddenly realized that I can. I'll also put up the sheet music (when I have time) so that you can play them for each other! I'll release my home demos as soon as I am legally able."). Mais comme pour Smile, chacun peut se faire son Songs from the black hole en glanant les MP3 disponibles facilement sur le net et en tentant plusieurs tracklistings. Il existe néanmoins trois exemplaires de l’album, gravés sur CD-R. Deux appartiennent à Karl Koch tandis que la dernière est dans les archives de Rivers Cuomo. Le St Graal des fans de Weezer a donc une existence bien concrète (même s’il ne s’agit que de versions démos) et l’album a même une pochette (tiens ! comme Smile !). L’espoire demeure donc et il y a fort à parier que Songs from the black hole voit le jour, d’une façon ou d’une autre, avant 25 ans.
Je suis en train de lire Moonraker pour le bouquin sur James Bond que je prépare au Moutons Electriques. Le bouquin a été traduit en France à la Série Noire en 58 sous le titre Entourloupe dans l'azimuth (pour rester dans le ton de la collection). Et en comparant la trad à l'original, whaouh. Bon, les autres Bond sont mal traduits, certes. Un bandeau sur l'oeil se transforme parfois en français en grain de beauté au-dessus de l'oeil, mais là il manque carrèment un paragraphe sur dix. Hallucinant.
11:05
Bon, alors, Calvo m'apprend que Cyclopville n'a pas grand chose à voir avec Minuscules Flocons de neige depuis dix minutes. C'est un autre livre. Il fallait le dire.
14:44
Minuscules flocons de neige depuis dix minutes est le nouveau roman de David Calvo. Si j'ai bien compris, ça fait un moment que ce projet traînait, d'abord sous le nom de Cyclopville (ou peut-être que ce projet sur les années 50 existe encore), puis sous une autre titre que j'ai oublié. Je me souviens que David m'avait raconté qu'il comptait à présent mélanger tout ça avec les films de monstres japonais parce que ça fonctionnait parfaitement dans son propos. Sur le coup, j'avais pas vu le rapport avec la Californie des années 50 et pourtant, il avait bien raison. J'ai donc dévoré le livre et j'ai, à un moment, pensé: "ce truc est un chef d'oeuvre". Comme la seconde moitié du bouquin m'a moins plu, j'ai révisé mon jugement, mais j'ai tout de même pris une grosse claque. D'abord parce Calvo s'appuie sur une structure "fiction virtuelle jeu vidéo" qui convient parfaitement au récit et ensuite parce que ce qu'il raconte dans cette virée, ce road-book sur des lignes de force urbaines, est remarquablement pertinent sur l'état de notre monde "occidental", comme il dit. Bref, je pense que c'est un roman qui sera mal ou pas compris, mais qui est très très important.
Je déteste raconter ou faire des résumés des livres. Regardez juste là.
Si c'était un bouquin traduit de l'américain dans une maison d'édition mainstream, pas mal de revues branchouilles crieraient déjà au génie, à mon avis. En attendant, faudra ce contenter de ce blog et des dithyrambes suivantes (j'espère pertinentes) qui ne vont pas manquer de suivre ça et là. On peut écouter David Calvo parler de son livre ici.
Parfois je me dis que peut-être, ma chanson préférée des Pixies est N°13 baby. C'est étrange.
14:19
Je ne me souviens plus si j'ai parlé ici des Marécages, le dernier bouquin de Lansdale que j'ai lu. Un polar dans l'East Texas des années 30, avec comme protagoniste principale un gamin de 12 ans. C'est fort, très fort.
Lu presque tout le dernier Bifrost spécial 10 ans (sauf la nouvelle de Day) et y'a presque que du très bon. Le texte d'Ecken part très bien, mais déçoit sur la fin, je m'attendais, il faut bien l'avouer, à un feu d'artifice d'ultra-violence, alors forcément. Pierre-Paul assure et fait dans la finesse et dans le poètique: très beau. Mauméjean déboîte grave avec un invasion extraterrestre freakesque et avalatoire (oui, j'invente des mots, il le faut bien). Heliot fait de même, mais dans son style différent et c'est très bien aussi. Dufour tue encore tout grâce à son style et à son humour. Lehman se met bien en scène dans son interview (et c'est passionnant) et son texte (que je soupçonne d'être une chute du roman abandonné Metropolis) tire excellement partie d'une idée de départ d'enfer. Di Rollo fait encore dans la gaieté, genre prout prout, on rigole on rigole: non, sérieusement, son texte est percutant et a bien fonctionné sur moi. Les déceptions sont à chercher du côté de Berthelot: ouais, ok, des toucans, c'est bien, et alors? La création artistique bla bla bla. C'est...limite. Et j'ai pas vu d'intérêt à la nouvelle de Patrick Imbert (avec en plus une petite foirade sur les prénoms au début, dans le troisième paragraphe, je crois). Bon, en même temps, c'est son premier texte publié (qui je suis pour dire ça, moi dont la première nouvelle était cent fois pire que celle-ci??) et puis il est très très loin au-dessus du texte de JP Lion publié il y a quelques numéros. On a envie d'en lire d'autres de lui, en tous cas, il doit en avoir sous le coude.
Tiens, je suis en train de me mettre à dos tous les critiques de la revue, moi. C'est malin.
Bon, je résiste pas à citer une phrase de Catherine Dufour, dans sa nouvelle: "La philosophie, c'est comme la Russie: vaste, beau, mais plein de marécages et envahi par les allemands."
16:39